Épisode 7 : Un programme de rêve

Résumé des épisodes précédents : Autour de la table du Conseil des Présidents, petite assemblée cachée au fond des rêves dérangés de Sarkozy, Charles de Gaulle en est venu à décrire la catastrophe écologique causée par l’économie financiarisée. Puis il a affirmé qu’être gaulliste en 2012 c’est avant tout être un écologiste décroissant, cela avant de reprocher au Petit Nicolas de ne pas tenir compte de la finitude de la Terre.

Valéry Giscard d’Estaing – Vous venez de nous confesser vos incompétences et vous vous permettez de donner des leçons.

Charles de Gaulle – Mon pauv’ Valéry, si je n’ai certes pas eu, à mon époque, la vision qu’il fallait pour prévoir l’économie sur le long terme au moins ai-je toujours réussi à faire de justes analyses pour ce qui était des situations qui se sont présentées à la France dans le contexte prévalant entre 58 et 69, en même temps que j’ai su me rendre compte de mes fautes, même si cela n'a été qu’a posteriori.
A contrario, vous, vous n’avez toujours pas compris que tout votre septennat apparaît comme une faute, car tout ce que vous avez décidé l’a été à contre-pied de ce qui aurait du l’être. Par exemple, les deux crises pétrolières, survenues lors de votre mandat, n’ont pas suffit à vous faire comprendre que nous étions rentré dans un monde de raréfaction de cette ressource. Tout comme vos avions renifleurs, vous n’avez rien reniflé !

François Mitt’rand – En tout cas, Monsieur le dictateur permanent, j'avais raison !
En effet, même si tout le monde disait : « Vive de Gaulle !», « Vive de Gaulle !», « Vive de Gaulle ! », j’ai toujours su que c’était Moi le meilleur, Moi le plus cultivé, Moi le plus grand, Moi le plus merveilleux, Moi le plus visionnaire, Moi le plus intelligent, Moi le plus courageux, Moi le plus …

CdG – Vous avez fini, Môssieur le plus ridicule orgueilleux ?

Jacques Chirac – Ronronrr … euch … pchhh … Eh ! Tonton. Reste modeste ! Ou alors, s’il te plait, dans ton auto satisfecit remplace « plus » par « moins » pour faire la description de ta petite personne. Tu seras plus dans le vrai et moins dans le faux. À moins que plus que tout tu veuilles me tenir éveillé.

CdG – Silence ! Tous ! Je n’ai pas fini ! Giscard ! Je ne donne pas des leçons ! J’exhorte ! Je vais même aller jusqu’à dire que j’ordonne.
S’il est un Chef ici, c’est moi ! L’Histoire l’a prouvée.

JC – Ron ronrr … ron ronrr …ron ronrr

CdG – Comprenez bien que si aujourd’hui j’avais été le Président en exercice, compte tenu du peu de ressources naturelles que le Monde recèle encore, j’aurais mis en place un gouvernement hétérodoxe, c’est-à-dire lucide, pour faire sortir la France du paradigme de la croissance. Ceux qui n’ont toujours pas compris que la Décroissance se présente désormais comme la seule voie possible pour l’Humanité ne sont pas aptes à diriger un pays, fût-il seulement de la taille d’une petite commune.

Georges Pompidou – Et qu’auriez vous donné comme consignes à ce gouvernement Mon Général ? C’est cela qui m’intéresse ... et qui, sans doute, nous intéresse tous.

CdG – J’y viens Pompidou.

VGE – Je crois que nous allons bien rire à l’énoncé de ces consignes.

JC – Ah ! ben c’est bien qu’on rigole un peu, parce que je m’emmerde moi.

CdG – Comme je vous l’ai dit dès le début de cette réunion, la nationalisation des Banques reste la première chose à faire, accompagnée d’une interdiction des paris financiers, par l’abrogation de la loi de 1885 portant sur l’exception de jeu.
Mais nous devons aussi, dans le même temps, nationaliser les transports, les télécommunications, ainsi que les secteurs de l’énergie, de la recherche, de l’eau et des déchets.
Enfin, et ce n’est pas le moindre, il nous faut reprendre le contrôle des industries d’armements, qui, si nous laissons faire, auront bientôt mis notre Armée sous tutelle complète. Il n’y aura pas loin alors que des guerres soient déclarées pour seulement contenter des intérêts privés, tels ceux d’un fonds d’investissement qui aurait à la fois en sa possession des usines d’armements et des entreprises de Génie Civil.

GP –Vous avez idée du montant de ces nationalisations Mon Général ?

CdG – Pompidou, veuillez considérer que le prix n’est pas un problème. Pour ce qui est des banques, nous savons que leurs caisses sont vides, ceci faisant qu'elles ne valent donc rien.
Pour le reste, les privatisations, imposées par l'inique OMC, s’étant apparentées à de véritables spoliations conduites par les conglomérats financiers et la plupart des engagements contractuels auxquels ces derniers étaient tenus n’ayant pas été respectés, comme ceux, par exemple, d’assurer le maintien du Service Public ou d’investir dans l’entretien des infrastructures, personne ne pourra nous tenir rigueur d’annuler les contrats et de reprendre ainsi le contrôle de ce que vous avez abandonné aux ploutocrates.

VGE – Il n’y rien de nouveau dans votre programme : c’est le communisme ! communisme qui spolie et maltraite les consommateurs.

CdG – La nouveauté que vous n’imaginez pas Monseigneur le technocrate, j’y arrive.
Elle consiste à abandonner le PIB en tant qu’indicateur de santé économique, car il s’est révélé être une véritable incitation à la destruction de l’environnement, pour instaurer à sa place, l’IABCÉ, l’Indice d’Amélioration Brute du Cadre Écologique.
Ce nouvel indicateur, durant une période prévisible d’environ 25 ans, c’est-à-dire le temps nécessaire pour que les capacités de résilience de Dame Nature s’expriment, mesurera la création des richesses biologiques et humaines qui seront utiles et utilisables pour le futur.
À ce point de ma présentation, j’insiste sur le fait que substituer l’IABCÉ au PIB change fondamentalement le processus économique et ouvre la voie à un nouveau paradigme, dans lequel la concentration des richesses dans un faible nombre de mains devient difficile, voire impossible.
Dans ce nouveau cadre, fort d’avoir repris les cartes en main par les nationalisations, il nous sera possible de lancer une séries de grands travaux afin de retrouver notre espace ; et quand je dis « retrouver notre espace », bien entendu, je ne parle pas d’aller sur la Lune, et encore moins sur Mars ! comme des hurluberlus pourraient arriver à le penser et le faire croire. Je veux dire seulement que nous devons nous réintégrer dans la biosphère et les cycles du vivant. Nous devons revivre en symbiose avec la Planète ! Abandonner notre statut actuel de parasite tout azimut !

GP – On sent la force dans vos propos Mon Général, mais en quoi consisteraient ces grands travaux ?

FM – Oui ! Tiens, c’est vrai ! De quoi s’agirait-il ?

VGE – Si la réincarnation de Roosevelt voulait bien nous expliquer.

François Hollande – Pas si vite ! Comme je n’ai pas de programme pour ma campagne présidentielle, je vais prendre des notes.

Nicolas Sarkozy – Toi, tu la fermes ou j’te casse. T’as pigé ?

JC – Ronnn …. Psuiiii …. Ronnn … Psuiiii

CdG – Ces grands travaux seront novateurs !
Il n’est pas question en effet de construire des ponts, ni des autoroutes ou des TGV et encore moins des aéroports.
Ces infrastructures, toutes couteuses en argent, énergie et surfaces agricoles perdues à jamais, ne seront plus d’aucune utilité d’ici une dizaine d’années lorsque le pétrole sera hors de prix. Il serait donc idiot, pour ne pas dire stupide et criminel, de réaliser de tels projets.
Ce que nous devons faire, en tout premier lieu, c’est restructurer le paysage et mettre en place des récifs artificiels tout le long de nos cotes. Il faut créer des biotopes, des biotopes et encore des biotopes, tous interconnectés, en une magnifique trame verte et bleue.
Pour cela, des centaines de milliards d’arbres et d’arbustes doivent être plantés sur les pourtours des champs, des millions de mares et de zones humides peuvent être rétablies et des dizaines de millions de caissons de bétons pourront être immergés pour que s’y installent des myriades de poissons.

VGE – Et pourrions-nous savoir à quoi cela servirait-il ?

FM – Des logements sociaux pour les poissons ! C’est assez drôle comme idée. Cela dit, à votre âge, quelques dysfonctionnements cérébraux peuvent s’excuser.

GP – Allons messieurs ! Laissez parler Le Président.

CdG – Giscard et Mitt’rand, vous êtes décidément consternant d’inintelligence.
Réalisés par des centaines de milliers d’ouvriers, dont beaucoup sont chômeurs à l'instant où je vous parle, sous la gouverne de spécialistes du Génie Écologique, avec l’appui et le soutient du Génie Civil, ces aménagements épureront l’air et l’eau, agraderont les sols tout en les protégeant de l’érosion, fourniront pour nos enfants du bois d’œuvre et de chauffe, le tout en constituant des milieux fonctionnels pour la faune et la flore. Enfin, ils seront des puits de carbone, qui devraient pouvoir ralentir un peu le réchauffement climatique, surtout si l’Europe toute entière nous emboite le pas.

NS – Dites ? Vous n’avez pas fini avec toutes vos élucubrations ? J’ai un vrai travail à faire moi. Je suis sérieux moi.

CdG – Si vous m’interrompez encore Sarko, je vous vire.

Toc-Toc !

JC – Entrez !

Alain Poher – Bonjour messieurs.

CdG – Mais qu’est-ce que vous venez foutre ici Poher ?

AP – Et bien mon Général, il me semble que vous venez de dire que vous alliez virer le Président en exercice. Je me présente donc pour le remplacer.

NS – Gloup !

CdG – J’ai dit que je le virerai mais … greugneugneu … mais pas tout de suite.

FH – Et bien voilà ! Maintenant, avec toutes ces interruptions, je ne sais plus ou j’en suis dans mes notes pour mon programme.
Et c’est qui qu’il faut remplacer d’abord ?

JC – C’est le nabot qu’il faut remplacer. Et ne te fais pas de soucis Flamby ! Pour dimanche j’ai dit à Bernadette qui vote pour moi de voter pour toi. Tu es sympathique, tu sais. Et puis t’es de la Corrèze !
Au fait ! Ton pédalo ? Il vole bien ton pédalo ? Avec le Jean Mélenchon qui te pousse au cul ! C’est tout un programme ton bateau à pédales. T’en as de la chance toi ! Il marche au poil le truc de Luc.
Hé ! Un conseil : Vous pacsez pas ! Mariez-vous ! Petits filous !

FM – Je me demande si je n’aurais pas préféré perdre la tête plutôt que la prostate. Il a l’air de bien s’amuser le Chirac.

GP – Allons Messieurs ! Le Président n’a pas terminé son exposé. N’êtes-vous pas impatients de connaître la globalité de son programme ?

JC – Ronnn … Ronnn … Ronnnn … Ronnnn …

CdG – Merci Pompidou. Dans l’intérêt de la France, je continue. Mais sachez Messieurs que vous êtes insupportables. Poher ! Trouvez un siège et veuillez, pour le moment, vous contenter de vous tenir prêt ; et en silence je vous prie.

(À suivre)

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