Très fort, pour rien.

Monsieur le Président Sarkozy a parlé jeudi soir. Il a été très fort, brillant, volontaire. Sur le plan de la pure analyse de texte, le temps de son discours, il ne s'est pas contredit une seule fois. C'était logique, imparable, impeccable.
Le lendemain matin, Madame Aubry par contre, toujours sur le plan de l'analyse de texte, n'a pas été aussi brillante dans ses propos. Elle a même laissé entendre à un moment, que le programme de campagne du candidat Sarkozy était bon, tout comme le Président qu'il est devenu, puisqu'elle a dit à peu près ceci : Qu'il fasse déjà ce qu'il a promis durant sa campagne et nous verrons pour un deuxième mandat. Puis, elle a parlé du canal Rhin-Rhône au lieu de celui de Paris-Nord, confondant, c'est un comble, le Nord, de Lille sa ville, avec le Rhône, de Lyon au Sud. C'est vrai qu'on ne va pas en faire une saucisse de ... Strasbourg ... sur le Rhin, ni un munster d'ailleurs, mais c'est un peu la preuve qu'au PS, dès que ça devient du concret, c'est surtout de l'approximatif. N'est pas brillant qui veut !

Bon. Mais à part ça ? A part l'aisance du Président dans l'expression orale. A part la crise financière et économique qu'il a exposée avec brio. A part le fait qu'il a magnifiquement prescrit des remèdes qu'il croit encore efficaces dans le cadre du système actuel. A part sa facilité à expliquer "les choses" en paroles simples de Président à destination de la populace que nous sommes. Quel serait le problème à vos yeux ?
Et bien le problème réside dans le fait que Monsieur le Président n'a prononcé le mot "écologie" qu'une seule fois (si j'ai bien compté).
Quant à Madame Aubry, gageons que si elle avait été à la place de Monsieur Sarkozy, elle nous aurait roucoulé à peu près la même chanson (avec moins de talent bien sûr) : Croissance insuffisante. Il faut relancer !

En fait, ni Monsieur, ni Madame n'ont compris qu'en faisant tout pour conserver le système actuel, il n'y avait aucune chance de voir s'améliorer la situation des peuples.
La forme d'un discours ne nous est plus suffisante. Désormais il nous faut le fond. Le vrai ! En fait, ils n'ont pas encore saisi que nous voulons être informés des vraies raisons de nos problèmes actuels et futurs.
Remarquons tout de même, que la faute de tant d'insuffisances revient pour beaucoup aux journalistes, qui lors des interviews, cherchent plus à déclencher la "petite phrase" qu'à trouver LA QUESTION qui soulèvera le lièvre. N'attendons pas donc, qu'ils aiguillonnent nos politiques en les interrogeant avec l'ambition d'élever le débat (*).
Car pour eux, si la Gauche prône la relance de la consommation qui nourrit le capitalisme agressif et si la Droite prône le capitalisme modéré qui génèrerait la consommation salvatrice, tout va bien ! Les échanges verbaux seront au rendez-vous. Tout ce qu'il faut pour faire du commérage et non de l'information trop difficile et ennuyeuse pour les foules, car l'horreur serait qu'à l'instar de l'économie, l'Audimat entre en récession. Et peu importe si pour éviter cela, il faut laisser les esprits dans la médiocrité.

Il est triste que tous ces gens si grassement rémunérés pour nous servir, nous desservent tous au final, en nous resservant toujours les mêmes rengaines de leurs vieilles solutions économiques antagonistes et d'un autre temps. Triste aussi de constater qu'ils réservent leur intelligence - disons plutôt leurs capacités intellectuelles - pour s'assurer de conserver leur place au soleil.

Et bien justement ! C'est du Soleil dont ils devraient nous parler, ainsi que de l'écodouble qu'il peut alimenter en énergie, afin que le futur de l'Humanité redevienne possible.
L'économie écologique, sociale et libérale à la fois, naturellement pourvoyeuse d'emplois et protectrice de l'environnement devrait constituer le programme de tous les partis politiques. Nous sommes à mille lieux de ça, et ce partout dans le Monde, sauf peut-être au Bhoutan.
Le Soleil brille, c'est sûr. Monsieur le Président brille aussi, c'est sûr, dans l'art de la rhétorique. Mais hélas, il n'est pas lumière lorsqu'après avoir fait l'analyse de la situation générale du Monde, il affirme qu'il faut surtout relancer la croissance.
Enfin, que voulez-vous ! Parmi les brillants, n'est pas clairvoyant qui veut !
Alors ayez donc Monsieur le Président, l'idée lumineuse de devenir clairvoyant, pour que vous puissiez briller dans l'Histoire et non pas seulement au petit écran, qui n'a lui, aucune mémoire.
L'Humanité y trouverait son compte. Pour longtemps.

(*) A ce propos, Monsieur Sarkozy n'a pas été enthousiasmé par la prestation de la fine équipe de poseurs et poseuses de questions. Il se serait presque endormis a-t-il laissé entendre. C'est encore une provocation "off" de sa part, mais pas dénuée de bon sens. Une fois n'est pas coutume.
Je conseille donc à Monsieur le Président, pour son prochain interview, d'inviter Serge Latouche pour poser les questions, ainsi qu'un éditorialiste de "La Décroissance" (risque élevé de franc-parler trop fort), Madame Corinne Lepage, Monsieur Yves Cochet et pourquoi pas un simple citoyen de la simplicité volontaire. Soyons certain qu'alors, le débat avancerait et que peut-être, Monsieur Sarkozy brillerait moins.

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