Définition du néologisme technodiversité

technodiversité : n. f. Ensemble des techniques ancestrales du monde entier, utilisées principalement en agriculture, pour l'aménagement du territoire, pour les transports et pour le bâtiment ou le logement en général, et qui bénéficient, à des degrés divers, de l'apport des progrès scientifiques pour en améliorer les performances et les rendements, faciliter la mise en œuvre ou l'utilisation. Ces techniques permettent et proposent des productions qui, pour leur fabrication ou leurs usages, consomment peu ou pas du tout d'énergie fossile et ne nuisent pas à la biodiversité. Au contraire, elles présentent le plus souvent une aptitude à favoriser cette dernière, tant au moment de la conception des produits, que durant toute leur vie et même dans leur mise au rebut. A ce moment-là d'ailleurs, les déchets qu'ils sont devenus, voient la plupart de leurs matériaux constitutifs en grande partie réutilisables, sans qu'il soit nécessaire de les recycler.

Encyclopédie : Le mot technodiversité est à rapprocher du mot biodiversité pour ce qui est de son principe de construction. En effet, dans toutes les régions du monde, les humains ont toujours cherché à tirer parti des ressources prélevées dans leurs alentours immédiats, ce qui a eu constamment pour conséquence l'avènement d'ensembles de techniques en "phase" ou en "symbiose" avec l'environnement. Ainsi, surtout dans l'agriculture et le bâtiment, comme il y a évolution des espèces vivantes en fonction, un peu (*), des opportunités et des contraintes existantes dans leurs milieux de vie, il y a eu depuis le Néolithique, évolution des techniques humaines en fonction de ces mêmes paramètres. Cette évolution peut de nos jours encore continuer, grâce à certains des progrès scientifiques réalisés au cours des dernières décennies. 
La technodiversité comprend aussi les techniques d'habillements et de manufactures des objets essentiels aux quotidiens des Humains, les besoins variant beaucoup en fonction du pays, des matières premières qui y sont disponibles et de la culture qui s'y est épanouie.
Les techniques du Cradle-to-Cradle, souvent nouvelles, peuvent d'une certaine façon, être considérées comme partie intégrante de la technodiversité. Néanmoins, certaines phases des cycles du Cradle-to-Cradle, s'apparentent trop à du simple recyclage, celui-ci étant toujours, au contraire de la récupération, assez consommateur d'énergie.

De part de la multitude des contextes géologico-climatiques sur Terre, l'aboutissement des adaptations techniques est d'une très grande diversité et au final une immense "richesse d'ingéniosité" indispensable à l'humanité, surtout pour stabiliser et stimuler l'économie.
Ainsi, une économie fondée sur la technodiversité qui serait l'opposée de notre actuelle "économie des normes", pourrait être une solution au problème de la crise qui débute. En effet, la technodiversité offre à l'ingénierie, un champ d'études au cas par cas et par là même, des débouchés économiques infinis à tous les niveaux de la Société. Hélas, le système des normes et les préjugés économiques orthodoxes empêchent complètement l'avènement d'une telle économie. Par contre, d'autres réticences qui résultent d'un manque d'information et de connaissance peuvent être levées. Ces réticences concernent principalement, "l'efficacité" des techniques et dans le domaine particulier du bâtiment, le concept de "garantie décennale". Il faut juste faire remarquer alors, qu'à notre époque, l'efficacité d'une technique se définit et se mesure en terme financier, et qu'il vaudrait mieux le faire en terme social, écologique, énergétique, moral, culturel et aussi en terme de santé publique. Et rajouter ensuite pour les soucis sur la garantie décennale, que la plupart des matériaux utilisés par la technodiversité du bâtiment peuvent soutenir une garantie séculaire ou pluri-séculaire, voire millénaire, ce qui n'est pas le cas pour ceux des constructions normalisées. Par contre, comme pour ces dernières "en béton", une mauvaise mise en oeuvre des techniques peut il est vrai, altérer la durabilité d'un ensemble "technodivers", le facteur humain étant toujours difficilement contrôlable.   
Pour tout cela et parce qu'elle veille à consommer un minimum d'énergie fossile, la technodiversité constitue une réelle alternative à notre "civilisation de la normalisation", qui se trouve elle, menacée par la raréfaction de cette énergie. En effet, la "société des normes" obère son avenir, notamment par le fait qu'en concentrant les productions, elle génère d'importants transports de matières premières et de produits manufacturés bien trop gourmands en énergie non renouvelables.
Dans la civilisation de la technodiversité, une technique dans une région donnée sera d'autant plus précieuse et performante, qu'elle ne consommera que peu, voire pas du tout de ce type d'énergie.

En agriculture, un des exemples les plus connus de techniques intégrées dans la technodiversité, est la pratique qui consiste à entourer les parcelles de haies, plantées directement sur le sol ou bien sur une petite levée de terre. Les haies, en fonction des végétaux qui les composent, servent de clôtures, de brise-vent, fournissent du bois-énergie, du BRF (bois raméal fragmenté) ou du bois d'œuvre et peuvent aussi fournir des fruits ou des baies comestibles. Lorsqu'elles poussent sur des cordons de terre, elles forment des talus qui limitent le ruissellement, ce qui fixe les sols et favorise le rechargement des nappes phréatiques. Quantité d'autres techniques ont aussi été développées de par le monde, pour des irrigations parfois très économes en eau, pour la récupération de l'eau ou bien pour moudre le grain. Il existe des techniques de prévention des maladies affectant les cultures ainsi que des techniques de traitements. Toutes favorisent grandement la biodiversité.

Dans le bâtiment, les techniques ancestrales pouvant intégrer la technodiversité sont innombrables et peuvent satisfaire complètement les besoins vitaux et les envies de confort. Ces techniques sont parmi les mieux adaptées pour les constructions bioclimatiques qui sont l'avenir dans le domaine. Les qualités des matériaux qu'elles mettent en oeuvre et les bâtiments en eux-mêmes sont bonifiés uniquement par l'utilisation de matériaux modernes, comme le verre pour capter l'énergie solaire, ainsi que par la possible utilisation de l'acier et du béton - très modernes aussi - pour les fondations notamment.
Mais toutes les techniques anciennes qui pourraient être utilisées par des autoconstruteurs ou par des artisans sont parfois méconnues ou inconnues. Pour palier ce manque et pour qu'elles puissent aussi être reconnues par nos "dirigeants", il y aurait lieu de vite les référencer toutes car la normalisation en a déjà fait disparaître certaines. Comme elles sont un immense patrimoine pour l'Humanité, leur inventaire pourrait être fait sous l'égide de l'UNESCO, dans l'esprit de celui qui a été réalisé pour les Cultures du Monde. D'ailleurs, sous le patronage de cet organisme, l'inventaire des techniques de la construction en terre a déjà commencé grâce à CRATerre-ENSAG.
Ces techniques, sauvées de l'oubli, seraient ensuite accessibles et disponibles à l'ensemble des humains. Ils auraient dès lors tout le loisir, soit de les abonnir chacune, en faisant appel à l'ingénierie et aux progrès scientifiques, soit d'en utiliser plusieurs d'origines différentes dans un même projet, compatibles, l'amélioration résultant alors de la complémentarité (Puits provençaux associés à un badgir par exemple).
Enfin, dans ce domaine du bâtiment, l'intervention d'écologues au stade de l'étude d'un projet, permettrait des aménagements destinés à canaliser les commensaux de notre espèce (Homo sapiens sapiens) et d'intégrer des nichoirs pour divers oiseaux ou bien pour certains animaux, tous prédateurs de ces derniers (musaraignes, chauves-souris, chouettes, scolopendres, ...). La biodiversité serait ainsi favorisée même en milieu urbain, ce qui nous éviterait en outre, d'avoir à vivre avec des poisons disséminés dans nos lieux de vie.
De tel bâtiments commencent à être connu sous le terme de "bâtiments à biodiversité positive".  Mais il vaudrait mieux dire "bâtiments biofonctionnels" car l'installation d'un ouvrage humain dans un endroit, toujours, s'accompagne d'une perte de biodiversité (biodiversité négative donc).

Alors que les normes, tout en concentrant les richesses produites par le travail, empêchent toute évolution favorable de l'économie mondialisée actuelle, l'adoption de la technodiversité comme outil économique aiderait à passer à l'écodouble et permettrait d'enrayer la crise totale qui se présente en ce début de XXI ème siècle. En outre, cela favoriserait les échanges de savoir et de savoir-faire entre les pays du Sud et ceux du Nord, ce qu'encore une fois, la normalisation empêche complètement, puisque dans notre actuelle économie, seul le Nord "enseigne" au Sud. Ainsi, un des autres avantages de la technodiversité serait de dynamiser les relations humaines, tout autant que les échanges culturels et techniques.
Cette capacité propre à la technodiversité de pouvoir générer de tels échanges, ne peut qu'encourager à l'adopter comme moteur d'une économie mondialisée différente de celle d'aujourd'hui.
En fait, elle faciliterait l'établissement de la paix entre les Nations.

(*) C'est, en fait, beaucoup plus par les mutations génétiques.

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