Récifs artificiels

Les récifs artificiels sont aujourd'hui d'actualité.
Au Japon, ils sont le résultat de l'évolution de vieilles traditions de pêche. Très élaborés et construits en béton, ils offrent, en plus de 20000 endroits, un gîte solide à une masse de poissons suffisante pour assurer la pérennité de la pêche côtière.
Ailleurs dans le Monde, la ferraille est le principal constituant. On trouve, entre autres, des pelles mécaniques, des camions, des grues, des voitures, des avions, des plateformes pétrolières, des tanks. Mais aussi des frigos, des machines à laver. Comble de l'horreur, des pneus par millions ont été utilisés dans plusieurs pays. Pour ces derniers, le résultat biologique est désastreux et on pense aujourd'hui à les sortir de l'eau.   
Il y a quelques mois, le journal Le Monde nous informait qu'aux USA les états de la bordure atlantique se disputent des wagons usagés du métro de New-York, truffés d'amiante. Leur but est de les immerger en vrac au large de leurs côtes, pour constituer ainsi des récifs qui favoriseraient les poissons, qui eux même contenteraient les pêcheurs de plaisance et les plongeurs et qui au final favoriseraient le business car aux US tout est dollars in fine. Le Delaware, qui le premier eut l'idée de ce genre de "fin de vie" pour les wagons de métro, voit son tourisme de pêche sportive florissant.
Joindre l'utile au pas cher, telle est la devise au pays de l'Oncle Sam (l'idée des pneus, c'était eux) ! Ainsi en mai 2006, quelques jours après que le Clémenceau fut rentré de son épique tour d'Afrique, l'Oriskany, un ancien porte-avions de la Navy (278 mètres, 25000 tonnes dont 800 de produits toxiques) était coulé au large de la Floride afin de constituer un récif. Deux mois plus tard c'était au tour du Belleau Wood et de ses 11000 tonnes d'être "océanisé" à Hawaï.
"Océanisé"! C'est bien plus joli que "mis en décharge dans l'océan".
Au cours actuel de l'acier, c'est aussi 5 à 6 millions d'euros jetés à l'eau pour ces deux bâteaux.
Un temps il fut envisagé que le Clém et ses 24000 tonnes subissent le même sort. La peur des Verts français fit qu'il en fût autrement. La récupération fut décidée. La suite est connue : Greenpeace saborda le projet.
Et pourtant ! Ne vaut-il pas mieux récupérer que perdre à jamais du métal qui avait couté tant d'énergie pour son extraction, son transport, son façonnage. Même si c'est pour quelques poissons de plus localement. Surtout qu'il y a fort à parier que les récifs japonais contiennent, à masse de béton égale à celle du métal constituant navires et métros, une quantité de poissons bien plus grande.
En les "océanisant", ces importantes masses de métal sont irrémédiablement perdues pour l'humanité. Il faut donc d'urgence prendre la peine de les recycler.
La récupération constitue un pan entier de l'écodouble. Nous sommes loin de vivre dans une économie écologique quand de telles pratiques se généralisent.
Et en dernière minute, juste pour confirmer que la mer est une poubelle. L'Etat français vient de couler par 2700 m de fond, le cargo Master Endeavour qui avait été saisi en 2006 par les Douanes, avec 2 tonnes de cocaïne à son bord. A le couler, n'aurait-il pas mieux vallu qu'il servît de récif dans des eaux moins profondes ?
Ni récif, ni récupération : comme pour le Clém ! mais le contraire quand même  car lui est toujours à quai !
Décidément, en terme de cohérence et d'écologie, la France est toujours loin derrière.

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