Épisode 6 : Un constat cauchemardesque

Résumé des épisodes précédents : Autour de la table du conseil des Présidents, qui n'existe que durant les phases de sommeil de Sarkozy, le général de Gaulle mène les débats en critiquant les politiques de ses successeurs, Chirac perd la boule, Mitt'rand s'amuse, Pompidou admire son prédécesseur, Giscard reste le médiocre et sournois personnage qu'il a toujours été, tandis que Sarko est à la lutte avec Hollande qui s'est invité à la réunion.

Charles de Gaulle – Messieurs, en l’état, à vous voir si minables, il ne reste plus que l’espoir. Alors j’espère !
Peut-être que le destin fera en sorte, comme il arriva qu’il le fît, qu’émerge du Peuple une personne d’exception. Seule cette personne, en chef incontesté, sera alors capable de réussir les réformes salvatrices que vous n’avez pas su faire, tout comme elle sera capable de mener les combats qu’il faut pour recadrer et assujettir la finance.
Hélas, il est à craindre, qu’encore une fois, il faudra attendre que la catastrophe soit établie complètement pour que le pouvoir échoie à ce guide providentiel.

Avant que de vous exposer mon plan, je veux vous rappeler que depuis qu’a commencé ma seconde, et donc définitive, traversée du désert, la Planète a changé. Aujourd’hui, il n’est pas un endroit de notre vaisseau cosmique, tant sur les continents que sur les mers et océans, qui ne subisse les assauts destructeurs de la machine économique devenue folle. Dans les faits, la finance ordonne l’exploitation outrancière des ressources naturelles, les multinationales organisent méthodiquement cette exploitation et, enfin, les Peuples, pris au piège de la mondialisation, se voient contraints d’exécuter ce qui s’avère le saccage systématique de la biosphère, c’est-à-dire que toujours, ils sont obligés de détruire les endroits qui, depuis la Nuit des Temps, leur ont permis de subvenir à leurs besoins les plus vitaux.

Georges Pompidou – Mon Général, je serai admiratif à jamais devant votre génie à résumer en une phrase les choses les plus compliquées.

Jacques Chirac – Ronron – Ronronpfuuuu – Ronronrrr – Fayot.

Nicolas Sarkozy – Et bien moi, j’ai pas compris où il est le résumé. La phrase est trop longue pour un jeune comme moi.

CdG – Pour vous expliquer autrement Sarko, la finance, totalement débridée depuis que les accords de Brettons Wood ont été jetés au pilori, dans une course irraisonnée à la croissance, s’emploie à faire exploiter tout ce qui peut l’être, y compris les êtres humains, sans aucune retenue, sans pitié, sans morale, sans une bribe de conscience du lendemain.
Il en résulte que partout, à perte de vue, tout n’est que gâchis et dévastations, que là où l’économie financiarisée passe, la vie laisse place à la mort, que les pollutions et la misère s’installent, que les humains deviennent des robots individualistes, que l’éducation des enfants n’est plus assurée, que dès lors ces enfants ne peuvent pas devenir des citoyens éclairés, et qu’enfin, la solidarité, l’entraide, la coopération ont disparues de la Société.

NS - Ben j'ai toujours pas compris. C'est trop difficile. Il reste trop de mots dans qu'est-ce que vous disez.

Valéry Giscard d’Estaing – Je m’amuse, Monsieur, en constatant que vous êtes désormais contre le progrès. Pourtant, vous l’avez vanté et encouragé sous votre présidence. Vous étiez si fier de la Révolution verte dont vous fûtes un ardent promoteur.
Pour le progrès, vous le savez bien, il a toujours fallu consentir à quelques sacrifices. En récompense, dans tous les cas depuis plus de 50 ans, il ouvre la voie à la consommation et il accorde un pouvoir d’achat aux travailleurs. Ces derniers deviennent ainsi des consommateurs et peuvent enfin vivre heureux.

CdG – Je crois que vous ne comprendrez jamais rien à rien Giscard. Si des citoyens peuvent vivre heureux, des consommateurs ne sont, au mieux, que satisfaits par leurs achats. Vous faites synonymes "croissance" et "progrès". Or, si vous y regardez bien, ces deux mots sont des contraires ! Lisez les ouvrages des objecteurs de croissance pour vous en convaincre.

(Silence)

Maintenant, je me dois de faire mon mea culpa.

(Grand silence)

J'ai compris, depuis presque une trentaine d’années, que lorsque j’étais à la direction du Pays, j’avais avec force, mais bien sûr sans le vouloir, initié des changements qui ont conduit à l’accablement et à la paupérisation du Monde, surtout après les réformes conduites par les anglais et américains au début des années 80. Ainsi, comme le rappelle l’accordéoniste de Clermont, j’ai œuvré à lancer dans notre Pays la Révolution verte qui se révèle être une catastrophe pire que la guerre. Les campagnes de France et d’ailleurs sont devenues des espaces agricolo-industriels sans âme.
Certes, il fallait après le second conflit mondial transformer les productions de guerre en production de paix. Ainsi les chars sont devenus des tracteurs ou des pelles mécaniques, les explosifs furent changés en engrais, les produits chimiques en herbicides et en insecticides. Mais avec le recul, il appert qu’il eut mieux valu restructurer l’industrie de guerre d’une façon radicalement différente, quitte à ce qu’elle en fût démantelée.

J’avoue bien volontiers que je n’ai rien vu venir ; que je n’ai pas voulu croire qu’au Mont Pèlerin se tramait la mise en esclavage du Monde, cela afin de servir la cupidité des financiers, qui dans le genre Humain sont parmi les plus fous qui se puissent trouver.
J’avoue enfin que j’aurais du comprendre que la grandeur réelle d’un pays ne se juge pas à la puissance de son nucléaire, militaire ou civil, surtout que cette énergie, les catastrophes survenues en Ukraine et au Japon nous le prouvent, menace la vie dans sa globalité.
À ce propos Sarkozy, comment se fait-il que vous n’ayez rien saisi de l’ampleur réelle de ce qui se passe à Fukushima ?

NS – Mais ce n’est pas vrai ! Grâce à Anne « Lorgnon » mais surtout à celui que j’ai mis à sa place, j’ai tout vu le problème et en fait c’est pas grave et c’est un problème réglé. D’ailleurs, on en parle plus du tout à la télévision et dans les journaux. Ils sont forts à AREVA, c’est pas croyable.

CdG – Vous êtes décidemment irresponsable et irrécupérable Sarkozy. Mais pour en revenir à mes propos, je tiens à dire que je n’avais pas perçu, c'est la finitude de notre Planète ! Et c’est cela que je me reproche le plus.
Après la guerre, nous n'aurions pas dû choisir de continuer dans la logique de la croissance économique. Alors à vous tous ici, qui tout au long de vos mandats, n’avez cherché qu’à vous réclamer de mes idées, parfois en me singeant littéralement, consciemment ou inconsciemment, j’affirme qu’aujourd’hui, être gaulliste c’est être écologiste, pour ne pas dire objecteur de croissance. C’est pourquoi, j’exhorte le prochain Président, et peu importe qui il sera, à mettre en place, dès son élection, des dispositifs administratifs et fiscaux permettant la naissance d’économies locales et écologiques, interconnectées, qui pourront offrir un avenir à tous les Français.
Ensuite, les Peuples du Monde nous suivront de nouveau !

NS – Je vous pose la question : J’ai cherché à vous imiter ? J’ai jamais payé les factures d’électricité de l’Élysée moi ! Et c’est pas vous qu’avez eu des bracelets en poils d’éléphant ! Ou des montres en or ! Je vais vous le dire comme je le pense : Là où je suis, je fais tout comme je veux. Et le gaullisme, ça commence à bien faire !

CdG – Et l’écologie aussi ! vous l’avez déjà déclaré.
Vous pensez mal Sarkozy ; vous êtes un idiot doublé d'un sagouin. Sachez que tous les écologistes que vous ignorez ou que vous dénigrez sans cesse me font penser à moi lorsque j'étais le seul à annoncer une future guerre dans les années 30. Mais je soutiens ces gens non pas seulement parce que je sais la solitude politique et médiatique dans laquelle ils sont laissés mais parce qu’ils ont raison, que cela vous plaise ou non, tant pour leur critique du capitalisme que pour les solutions qu’ils proposent.
Plus le temps passe, plus je vois la Planète se dégrader.
Depuis que je ne suis plus aux affaires, des travaux ou des ouvrages remarquables sont parus. J’ai ainsi pu lire le rapport Meadows, mais aussi les écrits de grands penseurs, parmi lesquels ceux de Gorz, Roegen, Illich, Rabhi ou Latouche, ou encore ceux d’Ariès. Même si de prime abord ces gens paraissent farfelus, marginaux ou utopistes, ce qu’ils ont annoncé, parfois avec beaucoup d’avance, ou ce qu’ils ont écrit, se révèle conforme à la réalité d'aujourd’hui.
Dès lors j’affirme que c’est eux qu’il faut désormais écouter, car ils ancrent leurs réflexions dans le réel, et non plus les vagues experts de la non-science économique qui errent dans d’improbables univers, dont on ne sait où ils se situent mais dont on est certain qu’ils n’existent pas.
Grâce à l’écologie j’ai désormais une certaine idée du Monde ! La France atomique, avec le recul, c’était et cela reste et restera une connerie. Si moi, Général de Gaulle, je n’ai pas su comprendre en mon temps que le Monde avait des limites, il est impardonnable que le Président d’aujourd’hui n’agisse pas en considérant complètement la finitude de notre Planète.

JC – Ronrrrr ronnnn …. Elle a un beau cul la Marguerite ! Ronrrrr ronnnn, Ronrrrr ronnnn … et la Chloé de Pierrot aussi …. Ronrrrr ronrrrr

(À suivre)

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