La perspective d'un effondrement global

Et voilà que Jared Diamond, auteur du livre à succès Effondrement, fait reparler de lui.
Ce géographe de l'Université de Californie, était le 12 novembre à Paris à un colloque de l'Agence française pour le développement. Il y a déclaré que " nous pouvons encore choisir de gérer, comme il convient, de manière durable, nos stocks et nos ressources."

Dans son éditorial de samedi à la une de Ouest France, François Régis Hutin faisait référence au livre de cet universitaire qui rend compte des cinq causes (*), toujours les mêmes, qui conduisirent à la disparition de civilisations au cours de l'Histoire. (Nicolas Sarkozy racontait l'an dernier avoir été très impressionné par cet ouvrage, ce qui poussa l'agronome Daniel Tanuro à faire dans Le Monde, une violente critique de Diamond, qu'il traita de "mentor écologique inquiétant" du Président. Pour certains hélas, ce qui plait à Sarko ou ce qui l'interpelle, doit être systématiquement cloué au pilori).
L'éditorialiste s'inquiétait ensuite, de l'empreinte écologique des humains à l'échelle de la planète, qui voit ses ressources toujours plus ponctionnées par notre économie et dans des proportions bien plus grandes que la faculté qu'elle a à les régénérer.
Enfin, il faisait écho aux paroles de Jacques Chirac lors du colloque traitant de la Paix et de l'Eau à l'UNESCO, le 13 novembre dernier. Notre ancien Président a affirmé dans le discours qu'il a prononcé à cette occasion, qu'il fallait désormais que l'économie serve à " des objectifs destinés à garantir le futur de notre espèce et non pas contribuer à sa déshérence."
Si l'on considère que le 9 juin dernier il avait déclaré que " nous devons procéder à une révolution de nos modes de pensée et d'action, une révolution de nos modes de vie. Nous devons le faire maintenant. Demain il sera trop tard," alors force est de constater que les Cassandres de l'économie ne sont plus seulement des militants de la décroissance ou des "farfelus" défendant un retour à la vie paysanne. Ils sont aujourd'hui, universitaires de renom, anciens chefs d'état ou ancien vice-Président des USA, lorsqu'il s'agit d'Al Gore.
Et ne pas oublier aussi, que les premiers ont eu raison avant les seconds et que les vrais farfelus sont ceux qui restent encore aujourd'hui, des intégristes de la croissance.

Il faut être persuadé, que si d'anciens chefs d'état, bien informés au cours de leur mandats, alertent sur les dangers qu'encourent Homo sapiens et "sa" planète, c'est qu'ils sont sûrs d'eux et que les preuves de la catastrophe économico-écologique sont irréfragables. Et si c'est seulement maintenant qu'ils le font, c'est qu'ils sont désormais libérés de la pression des lobbies en tous genres qui assiègent sans répit les gouvernants. Hélas, les dirigeants qui restent au pouvoir, subissent toujours les assauts des lobbyistes. Pour preuve, les mesurettes du Grenelle de l'environnement, qui ne tendent en rien vers l'économie écologique devenue la seule issue pour l'Humanité.

Par contre, Chirac a suggéré une sorte d'économie écologique, puisqu'il a aussi dit à la tribune de l'UNESCO, "qu'il faut d'urgence, en tenant compte des progrès scientifiques, réinventer les connaissances et techniques héritées d'une longue relation de l'homme à son environnement," car "c'est aussi en puisant dans ce qui lui vient du passé ... que l'Homme pourra s'inventer un avenir."
En fait, il propose d'abandonner l'actuelle économie, qui pousse à l'uniformisation de la culture et des productions industrielles et qui en outre se comporte envers le biotope Terre comme un parasite suicidaire, afin d'adopter à la place, une économie en symbiose avec ce même biotope.

Cette économie en symbiose avec la nature serait tout le contraire de celle normalisée prônée par les financiers, l'OMC et les administrations technocratiques de nos pays.
En effet, s'il est admis enfin que la biodiversité est une richesse, alors il faut accepter de la même manière que la "technodiversité" puisse en être une autre, les techniques humaines, tout comme les espèces animales et végétales, devant elles aussi s'adapter aux différentes niches écologiques.
Or actuellement, c'est tout le contraire qui se produit.
L'exemple du logement est à cet égard, particulièrement représentatif de cette normalisation galopante. En France aujourd'hui, partout, la quasi totalité des habitations se construisent en parpaings ou en béton banché. Ces méthodes gagnent aussi en Afrique, en Amérique et en Asie.
La "technodiversité" (qui est en fait, la somme des connaissances et techniques ancestrales bonifiée par le progrès scientifique) est très sobre en ressources naturelles et en énergie, ce qui n'est pas le cas de la "mondialisation normalisante" en crise et toujours en cours.
De ce fait, il se pourrait si elle était adoptée, qu'elle puisse éviter l'effondrement global de notre civilisation qui se profile à très court terme.

Cette "technodiversité" pourvoyeuse d'emplois, est propre à l'écodouble.

A entendre les propos de Chirac, à voir l'inquiétude de Sarkozy après sa lecture de Effondrement, nous pouvons espérer que la prise de conscience générale viendra à temps.
    

(*) Les cinq causes sont :
- les dommages environnementaux engendrés par l'économie
- des voisins hostiles
- des rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux
- des élites incapables de prendre les bonnes décisions
- un changement climatique

N'est ce pas une image de notre civilisation ?

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