Le Régent est de retour

Le Procureur de la République de Saint-Gaudens a requis le non-lieu pour les dirigeants de Bayer et de BASF, les deux géants de la chimie commercialisant les insecticides Gaucho et Régent qui incluent respectivement l'imidaclopride et le fipronil comme principes actifs. Ces neurotoxiques sont les très probables responsables de l'importante mortalité chez les abeilles constatée depuis quelques années.
Bayer, à moins que ce ne soit BASF, a déclaré que cette décision était une preuve du caractère inoffensif de ces produits. S'il faut rappeler que ces deux entreprises héritières d'IG Farben ont une grande expérience des produits inoffensifs (Humour très noir !), il est triste de constater que pour ces sociétés, les preuves de l'innocuité de leurs productions doivent être plus juridiques que scientifiques.
Le magistrat, pour essayer de justifier sa décision, a déclaré qu'à l'examen du dossier il n'était pas évident que ces poisons soient les responsables de l'effondrement du nombre de ruches.
Certes !
Il est vrai que les interactions entre tous les produits chimiques disséminés dans l'environnement sont complexes. Elles sont si complexes qu'il est même quasiment impossible d'en tout saisir scientifiquement. Mais Monsieur le procureur, il eut été normal que vous considérassiez comme du devoir des chimistes d'apporter la preuve de la totale innocuité de ces composés, y compris dans tous les cas possibles de leurs interactions avec les autres molécules en circulation, si difficile soit-il d'y parvenir.
Au contraire, par votre décision vous semblez reprocher aux apiculteurs et aux associations de ne pas avoir su faire le contraire de ce que l'éthique commande aux industriels. En fait, vous inversez les devoirs et les rôles ; ceux des chimistes d'une part, qui devraient impérativement démontrer l'innocuité dans tous les cas possibles de combinaisons chimiques et ceux des naturalistes et victimes d'autre part, qui ne peuvent que constater et dénoncer.
De plus et sans vouloir vous donner de leçon, il existe depuis quelques années, dans le préambule de notre constitution, un texte, la Charte de l'Environnement, qui introduit le principe de précaution. En vous appuyant sur ce texte, assurément, vous auriez requis le contraire du non-lieu.

Enfin, je veux dire que je commence à être réellement déçu.
Monsieur le Président de la République ! J'ai voté pour vous et j'ai toujours dit que je vous "jugerai" seulement sur les actes et décisions concernant l'écologie, l'environnement et la possible écodouble. En un peu plus d'un an, votre bilan en la matière :
-Loi sur les OGM ? Déplorable !
-Autoroutes ? N'en parlons pas !
-Grande distribution ? A coté !
-Grenelle de l'environnement ? Fumerolles !
-EPR ? Deux de plus et trois de trop !
-Avancée vers l'écodouble ? Zéro !
Aujourd'hui, je vous vois plus en Régent qui durant une transition laisse couler le temps, plutôt qu'en Président conscient de l'incommensurable problème écologique et énergétique qui s'annonce pour l'humanité et qui doit donc prendre de "saines" décisions ; dés maintenant.
Je me trompe ?

En tout cas, s'il vous plait Monsieur le Régent ! Ne me traitez pas de "gaucho" pour vous avoir interpellé de la sorte.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : http://ecodouble.farmserv.org/index.php?trackback/222

Haut de page