Faut-il encore croire les économistes ?

Lundi matin, sur France Culture, une journaliste posait la question : "Faut-il encore croire les économistes ?"
Dans un premier temps, la question surprend et amuse, tant les économistes étaient il y a peu encore, des prophètes médiatiques invités de toutes les radios et télévisions. Elle fait sourire aussi car elle laisse penser que les journalistes mettent un peu de côté leur béate admiration envers ces personnes et qu'ils commencent à se réveiller. La crise financière actuelle et celle économique à venir, auront au moins eu cette vertu.

Cependant la question désole dans un deuxième temps, parce qu'elle révèle que les journalistes ne savent pas qu'il existe deux types d'économistes, qui ont toujours coexisté.

En effet, outre les "prophètes médiatiques", appelés les orthodoxes, il existe les économistes dits hétérodoxes.
Sans trop vouloir schématiser, les premiers, connus par tous, proposent des modèles économiques qui satisfont la quasi totalité des humains. Leurs modèles promettent d'infinies richesses en argent et brossent donc les esprits dans le sens du poil, en s'appuyant depuis un demi-siècle, sur des modélisations par trop mathématiques. Leurs outils mathématiques compliqués apportent de faux gages de sérieux et leurs permettent de laisser croire aux politiques qu'ils vont être capable de faire des prévisions fiables pour tous nouveaux programmes économiques. Hélas, ces prévisions s'avèrent systématiquement fausses à cause du simplisme au début de la modélisation, qui ne tient jamais compte d'un grands nombre de paramètres, essentiels et trop difficiles à prendre en considération. Si bien qu'une distorsion apparait toujours entre leurs prévisions et la réalité mais il ne leur fut jamais reproché, du moins jusqu'à présent, une possible "erreur de calcul" et encore moins une capacité à nuire. Pourtant, tous leurs modèles sont nuisibles puisqu'ils proposent une création de richesse sur la base de la destruction de la Nature.

D'un autre côté, les hétérodoxes, fondent leurs théories sur une réelle observation du monde, en essayant de tenir compte le plus possible des contraintes imposées par les lois de la Physique. De ce fait, leurs analyses profondément cartésiennes les conduisent à proposer des modèles peu séduisants de prime abord. Ils ne font pas de "méga-promesses" et par là, sont condamnés à rester inconnus ou ignorés des médias.

Les orthodoxes, plus populaires, n'eurent donc aucun mal à s'estimer comme des bienfaiteurs de l'humanité et à "imposer" que chaque année depuis 1969, leur soit décerné un prix rattaché à ceux des Académies Nobel.
Ils eurent donc toujours les faveurs des gouvernants, les théories et modèles des premiers, devenant les programmes économiques des seconds. Les hétérodoxes quant à eux, avec leurs théories peu électoralistes, ne furent jamais en position d'avoir la même audience.
Dans les années 60-70, ces derniers ont bien essayé de contrer la prise du pouvoir par leurs collègues "illusionnistes". Ils publièrent des ouvrages remarquables et participèrent à la fondation du Club de Rome qui publia en 1972 un rapport alarmant dénonçant les risques d'une économie fondée seulement sur la croissance imaginée comme infinie.
Mais même Nicholas GEORGESCU-ROEGEN ne fut pas pris en considération. Il était pourtant le plus brillant des hétérodoxes et venait d'écrire un livre clé, toujours pas traduit en français.
En fait les autres avaient déjà l'exclusivité du relai médiatique.

Et finalement, au début des années 80, ils l'emportèrent définitivement lorsque Margaret Thatcher et Ronald Reagan perdirent la tête en mettant en pratique la plus folle de leurs théories, celle concernant la libre circulation des capitaux boursiers. Ce que nous vivons aujourd'hui en découle directement.

Alors, pour répondre à la question de la journaliste, oui ! nous pouvons encore croire des économistes mais à la condition qu'ils soient hétérodoxes, puisque certains d'entre-eux ont proposé des modèles d'économies écologiques.
Par contre, nous n'aurions jamais dû croire les orthodoxes qui nous promettaient trop beau et trop facile.
Ces économistes ont joué avec toutes leurs théories et nous ont fait perdre. Le résultat est une crise financière pire peut-être que celle de 1929, une immense crise sociale à venir, le tout à l'aube d'une crise écologique planétaire totale.

Pour eux, si je puis me permettre : GAME OVER.

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