Doha - Genève via Davos

Fin juillet, l'OMC tenait sa grande fête à Genève. Son Directeur, Monsieur Lamy, se faisait fort de trouver les moyens d'arriver à un accord sur la libéralisation de l'agriculture, pour enfin boucler le cycle de Doha (Doha est la capitale du Qatar). Neuf jours de négociations acharnées n'y auront pas suffi.

Les négociations ont achoppé, car sentant la menace et la mauvaise foi des USA, des pays comme l'Inde ont voulu garder la possibilité d'instaurer des barrières douanières là où les américains et l'OMC n'en veulent plus. Ces pays voulaient pouvoir mettre en place des taxes protectionnistes s'il advenait que l'agriculture américaine massivement subventionnée arrive à menacer la leur en proposant, chez eux, des produits à un coup moindre que ceux qu'ils produisent. 

Alors que l'OMC prône l'interdiction des subventions pour dit-elle, favoriser le commerce, et par là une plus juste répartition de la richesse, elle laisse Bush accorder quelques 15 à 20 milliards de dollars par an aux agriculteurs de son pays, sans y trouver vraiment mot à redire. Ce dernier vient même de leur allouer une rallonge il y a quelques mois.
De même, l'OMC vante les mérites du libéralisme et du libre échange, sensés être des facteurs de paix et de richesses. Et en écho, l'Amérique de fustiger toutes les subventions, de dénoncer tous les protectionnismes et de toujours louer le libéralisme, sa religion.

Mais dans les faits, que pouvons-nous constater sinon que les États-Unis ne tolèrent rien des autres pays, de ce qu'ils font, eux, à grande échelle.
Qu'une entreprise américaine vienne à perdre un marché, gagné à la régulière par une concurrente, alors le marché est annulé. Exemple de Boeing contre Airbus pour des avions ravitailleurs de l'Air Force.
Qu'une banque ou qu'une compagnie d'assurance américaine soit en faillite, c'est l'injection de fonds publics ou alors une nationalisation sans scrupule qui fait passer Mitterrand et Chavez pour des amateurs de la spécialité car eux ils ont toujours payé ce qu'ils nationalisaient. Exemple de Freddy Mac, Fanny Mae et AIG.
Qu'un montage financier "hors la loi" comme ils en ont le secret mais qu'ils n'ont pas su faire eux-mêmes, les prive d'un gain et c'est leur justice qui condamne un pays et ses contribuables à verser des centaines de millions de dollars pour finalement permettre d'empocher le gain. Exemple de l'affaire "Executive Life" et des 770 millions de dollars payés par la France.
Que son acier soit menacé par un acier d'importation et c'est des taxes qui tombent sur le métal étranger. 

En fait, quand les USA perdent à leur propre jeu, ils changent toujours les règles pour gagner quand même.
Comment ne pas considérer alors l'OMC comme une arme économique américaine, puisque Monsieur Lamy ne proteste jamais à ce manque d'honnêteté patent des États-Unis.
Pourtant il y a tout lieu de protester contre cette organisation.
En effet vouloir imposer comme elle le fait que les denrées agricoles soient considérées comme de vulgaires produits manufacturés est une menace à terme sur la paix mondiale.
Un pays ne peut envisager d'être indépendant et respecté, que s'il est capable de produire la quasi totalité de la nourriture nécessaire à sa population. Un pays, c'est avant tout des paysans qui nourrissent leurs concitoyens. Surtout si le pays considéré n'a ni pétrole, ni gaz (encore que dans notre système économique, il peut se les faire voler, comme c'est le cas la plupart du temps en Afrique). Et il suffit pour s'en convaincre, de prendre le cas d'Haïti. Sa production de riz était la seule activité viable à la chute des Duvalier. Alors l'Amérique déversa son riz subventionné. Les paysans haïtiens disparurent. Ils étaient trop chers, ce qui "nuisait aux consommateurs haïtiens". Le résultat est qu'aujourd'hui ce pays crève dans l'indifférence et qu'il n'a plus de consommateur.

Dans ces conditions, que l'ami Lamy s'entête à "inclure" l'agriculture dans l'OMC doit conduire les chefs d'Etats à reconsidérer le bien fondé de cette organisation, surtout qu'elle laisse les USA tricher systématiquement.
L'Inde a compris le danger de la mondialisation des récoltes de nourriture et a refusé d'y souscrire. Tous les pays doivent le comprendre vite et faire de même. Le cycle de Doha n'a pas abouti, ni à Davos, ni à Genève. Il a maintenant plus de 4 ans de retard sur le calendrier prévu. C'est tant mieux et pourvu que ça dure car le libéralisme en matière agricole ne peut que faire pire que le libéralisme financier. C'est dire.
Dans l'écodouble, ni l'un ni l'autre ne sont possibles.
Passons à l'écodouble, pour lancer une saine économie, dans laquelle la richesse reste à ceux qui l'ont créée.

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